LE ROI ATHOS |
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Les chiens du siècle par Franck Haymann
Dans le monde du Boxer,
Athos de l’Enfer Vert, restera dans les annales de celle fin de siècle. Sa descendance que l’on peut qualifier de mondiale est significative dans les «papiers » de très nombreux champions. Qui plus est, sa puissance de reproducteur se retrouve à travers ses descendants,qui eux-mêmes, voient leurs lignées continuer à se perpétuer.Evoquer le souvenir d’Athos, c’est donner en priorité la parole à celle qui l’a fait naître. Marie-Françoise Merchat-Minot a débuté avec un Boxer sans pedigree... qui lui a cependant inoculé le virus du Boxer. Un certain Jabron né en 1974, «issu de deux chiens avec papiers mais qui n’avaient pas été présentés à l’examen de confirmation » rappelle-t-elle.
Toujours est-il que lui, Jabron, est présenté en exposition, en classe jeune, d’où il repartira avec un » Très Bon », le qualificatif maximum à l’époque pour cette classe d’âge.
Ensuite, sa propriétaire rencontre Mme Rousset, dont l’élevage des Cinq Genêts est installé dans la Loire. Laissons à Marie-Françoise le soin de raconter ses premiers pas dans le monde du Boxer:
"Je me suis intéressée à l’élevage de Mme Rousset car j’avais remarqué une femelle qu’elle avait cédé à un certain M. Gaudilliere : il s’agissait de Jessie des Cinq Genêts qui fut saillie par l’étalon fauve importé d’Allemagne, Hola v d Rombach. En fouillant dans les origines de ce dernier, je retombais sur un certain Igor du Prés Joppet (LOF 16293), qui fût le premier chien d’élevage français à être sacré Bundessieger en Allemagne(en 1962). Une de ses soeurs, Iahne, fut désignée Bundessiegerin la même année...
En remontant la généalogie de Jessie et d’Hola apparaissaient des ténors de 1a sélection contemporaine : Carlo v Fels (importé par les Italiens), la fameuse Oli di Citanova (BS 1955 et 1956) et le mâle: Zog di Cittanova.
Très rapidement, mon objectif se dessinait : chercher à fixer un type proche de celui d’Igor du Pré Joppet mais également du très beau Carlino v Nassau Oranien.
Un chiot qui s’appelait Nelson des Pins Àrdéchoix (Jessie x Hola) entra à la maison en 1977. j’ai commencé à le sortir en Allemagne : c’était un mâle très solide, puissant, très typé en tête, mais sa robe n’avait pas de bringeures suffisantes".
Puis rencontre avec Nina Dumas, qui élève sous l’affixe de Gengis Khan. Cette dernière possédait Babsy, une femelle provenant d’un très grand élevage allemand et fille du célèbre Gayus, un bringé spectaculaire qui avait une côte d’étalon réellement internationale. Un chien dont on parlait partout, y compris jusqu’aux USA. Des chiots de cet étalon sont régulièrement partis aux États-Unis. "Nina, en voyant Nelson m’a dit, c’est le mâle qu’il me faut pour... Babsy: sur la portée née en 1979, j’ai choisi une femelle bringée marquée en blanc, Prima de Gengis Khan. A partir de cette femelle, j’ai cherché absolument à la marier avec des origines qui me plaisaient en cherchant à corriger une légère longueur de dos mais tout en conservant ses qualités de tête, de maintien et d'encolure qui lui conféraient de l'élégance. Pour moi, un vrai Boxer doit être à la fois puissant et élégant, avec une bonne empreinte de son sexe".
Perry en la demeure
«Mes recherches d’étalons, tant en Allemagne qu’en France m’ont porté vers le bringé du moment: Ch Perry du Chemin Fleury, dont les caractéristiques et les origines me semblaient parfaitement en adéquation avec celles de ma chienne. La portée allait naître en 1982, comportant entre autre, la femelle fauve uni-colore Twiggy de l’Enfer Vert. En définitive, il s’agissait de la première portée née sous mon affixe. Je conservais également sa soeur Triviale, une bringée marquée en blanc.
La première allait me permettre de travailler — sans oublier sa soeur qui fut mariée avec Athos ultérieurement. Twiggy présentait exactement ce que je voulais pour une femelle de reproduction : elle était très compacte avec une très belle tête, un gros volume de museau, une très belle dentition et de beaux yeux noirs. L’encolure ressortait également, sa construction était puissante avec un très fort poitrail et de très belles angulations, à l’avant comme à l’arrière.
Sa première saillie allait être allemande... après des mois de déplacements dans les principales rencontres du Boxer Klub: je tenais absolument à retrouver la lignée du raceur Carlo v Henningshof, le précurseur par le biais d’un de ses descendants directs Carlino v Nassau Oranien, stationné chez l’éleveur Waldamer. Parmi les descendants importants de Carlino, Bruno v d Morsbacli était considéré comme le plus significatif : parmi les descendants de ce dernier, je tombais sur le fameux Xantos v Bereler Ries!
Avec ce dernier, j’avais remarqué une descendance très typée dans les différents rings sur lesquels je me trouvais, et par dessus tout, une constance du type et du caractère.
Mon choix était fait. Mais à l’époque, visiblement, les Français n’étaient pas bien vus par le propriétaire de Xantos. Mon mari parlant l’allemand, à force de discussions et courriers, M. Schaare a fini par accepter la saillie. Nous sommes en 1985, l’année fétiche, avec Twiggy qui allait faire naître une portée de 11 chiots. Mais à l’époque, nous ne devions élever que huit chiots, malgré l’absence de bec de lièvre et de blanc... J’ai donc du supprimer quatre chiots (1 par sexe et par couleur). Parmi les sept restants, Alban, Anaïs, Alzan, Alfa, Ariane... et le célèbreAthos. Malheureusement, l’une des petites chiennes conservées s’est avérée aveugle et j’ai du mettre fin à ses jours.
Quand il est né, Athos correspondait parfaitement a ce que je recherchais : lui et sa soeur bringée Anaïs étaient très prometteurs. Rappelons que la portée était d’une homogénéité rare.
Les deux frère et soeur grandissaient de façon régulière et homogène, ils étaient vraiment beaux au début de leur carrière.., alors qu’ils n’avaient que trois mois
Athos et Anaïs se retrouvèrent en classe Puppy lors de la Régionale d’Elevage du BCF organisée à Beaune, en 1985. Cette manifestation très réputée faisait se déplacer les Allemands! Ce jour là, il y avait entre autre, le juge du BK, Emil Skruschny. Ils nous a vu arriver avec nos deux chiots en laisse et il est tombé en arrêt devant Athos.
Il l’a examiné, nous a interrogé sur ses origines, et tout de suite, il nous a demandé une chose lui vendre Athos... ce que l’on a poliment refusé.L’exposition se déroule et Athos fait 1er " Très Prometteur " en classe Puppy mâle fauve, sa soeur remporte également sa classe. Lors du final, Anaïs bat Athos, lors de la désignation du Meilleur Puppie de l’exposition. Le juge allemand est revenu a la charge, cette fois-ci avec son carnet de chèques mais sans résultat. Mon mari lui a répondu, de façon humoristique, en Allemand, " Il est maintenant devenu beaucoup trop cher."
Sa carrière a commencé grâce aux expositions spéciales du Boxer Klub en Allemagne. A chaque sortie, il se retrouvait 1er en classe jeune. Une fois, il s’est même permis de terminer Meilleur Boxer devant quasiment tous les ténors allemands de l’époque. Il a continué sa carrière avec nous: mon mari l’a présenté à I’APE (sélection d’Aptitude pour l’Élevage) et ensuite à la Sélection où il se classa avec l’échelon III, en France mais également, en Allemagne.
Le décès de mon mari allait interrompre momentanément cette carrière. Je ne pouvais plus le garder mais il devait impérativement être présenté en concours et en championnat. Sa carrière d’étalon avait déjà démarré. Je me souviens de la première. Une femelle qui appartenait à Mme Boulet, élevage des Rives du Furan (proche de SaintEtienne). Des centaines d’autres femelles allaient venir courtiser Athos, de l’Europe entière.
La septième merveille
C’est à partir de ce moment là que j’ai envisagé de céder Athos. Mais je ne l’ai cédé à Ronald Nemec qu’à la condition qu’il continue sa carrière. Au moment de la transaction, un éleveur espagnol très connu avait surenchéri pour "avoir" Athos. Ronald Nemec allait lui faire faire une carrière d’étalon exceptionnelle. Proche de la frontière allemande, il était facile pour lui de faire venir les meilleurs éleveurs allemands, hollandais et belges.
Les Allemands considéraient Athos comme la septième merveille. Les grands noms de l’élevage défilèrent chez Ronald Nemec, de l’Europe entière, y compris les Tchèques, Yougoslaves et Hongrois. Des Italiens, des Espagnols sont également venus chez Ronald.
Retirée du monde des expositions, j’ai eu du mal à suivre en détails la carrière d’Athos. Je tiens à signaler qu’en 1986, j’ai renouvelé l’expérience de l’accouplement Xantos x Twiggy: dans la portée de trois chiots, la femelle fauve Beryl de l’Enfer Vert s’est retrouvée en Allemagne chez Gaby Kuwens (élevage Von Hamberer Schloss) où elle laissera plusieurs grandes vedettes allemandes. Avec l’étalon Dominic v Viaduc, Beryl donnera une multi-championne cédée au Danemark.
Une autre portée sera réalisée avec un mâle français cédé en Allemagne à la juge Karin Resewski, Vicomte du Grand Jardin. Parmi les descendants, la femelle fauve Pile remporta l’Atibox. J’ai, par la suite, récupéré une soeur de Pile, Paola, qui est restée à la maison jusqu’à l’âge de 10 ans et demi! Avec Paola, en restant sur mes lignées, j’ai choisi Athos (donc son oncle) pour sa première portée. Dans la portée, il y a eu Hermés de l’Enfer Vert, que j’ai cédé à la propriétaire de Beryl, un très beau mâle fauve marqué en blanc.
Puis pour sa deuxième portée, j’ai pris un fils d’Athos, Ernst de la Vallée du Thin. J’ai choisi ce dernier en fonction de ses origines, où l’on trouvait un certain Piccobelo v. Felix. Dans la portée de 7 chiots née en 1993, j’ai gardé un mâle fauve unicolore, Igor de l’Enfer Vert, portrait craché de son arrière grand-mère, Twiggi de l’Enfer Vert, un mâle très puissant et musclé pesant 40 kg. Dans la troisième portée, refaite avec Ernst, en 1994, j’ai élevé deux chiots, deux femelles fauves très puissantes dont .Julia.
JUSQU'AU JAPON!
Aujourd’hui, plus de quinze ans sont passés depuis la naissance d’Athos. C’est quelque chose qui n’arrive qu’une seule fois pour un éleveur, et dans une génération de race.
Parmi les dizaines de champions descendant d’Athos, et en particulier, ceux qui m’ont le plus marqué, j’ai en mémoire un mâle allemand né chez Brigit Muller mais élevé par le juge Skruchni ce dernier n’avait pas pu avoir le père, mais l’un de ses très nombreux fils.
Chez chacun des descendants d’Athos, indépendamment de la lice couverte, je retrouvais une homogénéité de type étonnante: les Allemands ne l’ont utilisé qu’au vu des résultats de sa descendance.
Chez ses arrière petits enfants, on retrouve sa marque, comme le Ch Mannix de Gengis Khan et tellement d’autres qui dominent les rings actuellement, en France mais aussi à travers toute l’Europe.
Si Athos n’est plus sur le pedigree de certains champions, il est bel et bien présent en quatrième ou cinquième génération, et très souvent, pas qu’une seule fois. Certains éleveurs l’ont utilisé en inbreeding -Athos avec son frère Alban de l'Enfer Vert- avec quelques chiens connus à la clé... dont la chienne française la plus titrée de cette fin siècle, M de Sullieu.
Actuellement, l’élevage de Enfer Vert a arrêté mais le nom reste présent par le biais Athos et de son étonnante descendance.
Citons, à titre anecdotique, l’un de ses petits-fils, le fauve Archy v.d. Friesenperle, qui s’est imposé lors de la Nationale d’Élevage 2000... dans le nord du Japon.